71 62 D’autre part, le coût de l’intégration est que les incitations de la firme acquise à réaliser des investissements relationnels spécifiques diminuent puisque, étant donné la réduction de ses droits résiduels de contrôle, elle reçoit une fraction plus faible du surplus ex post créé par ses propres investissements. Le terme même d’hybride pose problème, puisque son utilisation indique que, loin de constituer un arrangement institutionnel spécifique, cette forme emprunte à la fois au marché et à la hiérarchie, accréditant de ce fait la thèse du continuum contractuel (Hodgson [2002]). Les problèmes de coordination sont alors aigus car les contractants doivent se mettre d’accord sur la nature du produit échangé, ses caractéristiques techniques et fonctionnelles, etc. La forme d’organisation hybride correspond pour lui au cas des relations inter-firmes qui mettent en jeu des actifs spécifiques non négligeables. Le 27 août dernier, la firme Léger a publié un sondage effectué à la demande de la Chambre de commerce et de l’industrie de Québec (CCIQ) et mené auprès de 421 employeurs privés. [2001]). Autrement dit, un des désavantages relatifs de la firme-réseau serait la difficulté d’assurer une parfaite coordination, comparativement à la firme intégrée. Dans cette perspective, l’interrogation sur la question précise des frontières de la firme renvoie toujours, comme dans la problématique coasienne, à la question de l’impact de la propriété des actifs sur les coûts, mais dans l’optique principale des coûts de motivation : cette propriété a-t-elle des incidences sur les motivations et incitations des agents, sur leurs décisions d’investissement ? Cet ouvrage situe la question des frontières de la firme par rapport aux théories économiques classiques et hétérodoxes. 31 Comme le notent Frigant et Talbot [2001], « les contraintes de flux qui associent dans l’automobile variété et cycle court d’approvisionnement, compte tenu de la diversité des variantes offertes pour un même modèle produit pourtant en masse, élèvent les contraintes de transport et, ce faisant, contribuent à justifier d’un rapprochement physique des firmes ». On notera bien évidemment le caractère fortement incitatif de ce marché. Le fournisseur doit ainsi accepter de nombreuses obligations contractuelles de la part du client, et notamment des directives techniques plus ou moins contraignantes (plan de la pièce, spécifications fonctionnelles, etc.) Lorsqu’elles ont intégré le marché de sélection et qu’elles sont retenues sur le deuxième marché, le marché d’allocation (voir infra), elles doivent investir dans des actifs spécifiques et ne pas adopter de comportements opportunistes, sous peine d’être « éjectées » du réseau. Compte tenu de cette nature originale, l’ensemble des travaux empiriques consacrés à la firme-réseau montre que son fonctionnement engendre la constitution de nombreux actifs spécifiques (Mariotti et al. Françoise Larré [1997] indique par exemple que la division Avion d’Aérospatiale a mis au point un logiciel, nommé spider En ce qui concerne le premier point, les frontières de la firme reposent pour cet auteur sur l’opposition entre une relation commerciale – entre un vendeur et un acheteur –, gouvernée par le système des prix, et une relation d’emploi – entre un employeur et un employé –, gouvernée par l’autorité [1]. Le point de départ de l’approche de la tci Dans ces conditions, l’introduction de la forme hybride, entre le marché et la hiérarchie, ne modifie pas le raisonnement général en termes de hold-up : seule la propriété des actifs – via l’intégration verticale – est à même de résoudre les situations de lock-in. L'internationalisation consiste d'abord à chercher de nouveaux débouchés à l'étranger. Lorsqu’une entreprise dispose d’un système d’assurance qualité, elle peut ensuite demander la certification de ce système, procédure qui atteste la conformité du système d’assurance-qualité d’une entreprise à la norme iso 9001 : 2000, qui remplace les trois modèles normalisés de la série des normes 9000. L’étude des relations inter-entreprises n’est pas à proprement parler nouveau, si l’on pense par exemple à l’article précurseur et essentiel de Houssiaux [1957]. Il note, par exemple, que si le régime d’innovation technologique est important, l’avantage de la hiérarchie, en cas de présence d’actifs spécifiques même très importants, peut être plus faible que d’autres arrangements, compte tenu de la réduction des mécanismes incitatifs ([1985], p. 143-144) [31]. Dans une première partie, nous étudions le fonctionnement de la firme-réseau, et notamment les dispositifs d’incitation et de coordination qu’elle renferme. Pour « système de production informatisé d’éléments regroupés ». (ibid., p. 188). (ESCP Europe 2009) Faut-il réguler les monopoles ? Nous présentons, tout d’abord, les ... Journal of Management Studies (2010)4, les traitent souvent conjointement. La réflexion épistémologique, théorique et pratique autour de l'entreprise apparait donc comme centrale, mais pour cela il a fallu attendre quasiment une centaine d'années d'analyse. 4 Le management de la frontière a pour symbole -parmi d'autres- le tassement ou la diminution de la pression fiscale avec pour corrolaire l'obligation de "demander davantage au consommateur pour demander moins au contribuable". En effet, la firme-réseau introduirait une forme de « hiérarchie explicite avec ce que cela suppose de supervision directe, de subordination, d’inégalité entre les partenaires et de centralisation des décisions stratégiques » (ibid., p. 39). Entreprises (14) POLIS. Les frontières de la firme : Collection: Gestion : Editeur: Economica : Présentation: Broché : Date de parution: 11/09/2002 : ISBN: 2717844929 : Dimensions: 24.0x15.5x1.2 : Poids du livre: 280.0 : Nombre de pages: 138 : Avis client : Les frontières de la firme Haut de page Ce produit n'est toujours pas évalué. Pourquoi les firmes existent-elles dans le capitalisme ? XXIe conférence annuelle de l’AIMS, Jun 2012, LILLE, France. Le fondement de cette intégration n’est pas à rechercher, par définition, dans la propriété des actifs, mais dans d’autres modes d’intégration qui se substituent à la propriété des actifs. Cette communication se propose, dans ce contexte, d’analyser comment et pourquoi les dirigeants définissent les frontières de la responsabilité sociale de leur entreprise. Pour la tct, la question des frontières de la firme est essentielle pour la raison centrale suivante : par l’intermédiaire de l’intégration verticale, la firme est à même de remédier aux éventuels comportements opportunistes post-contractuels susceptibles d’apparaître sur le marché. En ce sens, la firme-pivot n’exerce pas un pouvoir unilatéral, ce dernier est contrebalancé par la spécialisation des membres du réseau en direction des actifs de la firme-pivot. Le concept d’actif spécifique constitue la clé de voûte de l’édifice de Williamson. De nombreux exemples et cas concrets sont développés. Fondamentalement, pour la tci, la question des frontières de la firme est pertinente car les incitations varient en fonction de la structure de la configuration des droits de propriété sur les actifs. Il existe, d’une part. Philosophie (360) 66 | Sujet : les frontières de la firme. Fréry cite ainsi trois modes d’intégration, non exclusifs l’un de l’autre (ibid., p. 40) : l’intégration culturelle, qui consiste à recourir à des partenaires solidaires qui entretiennent des relations non exclusivement économiques avec la firme-pivot [41] ; l’intégration médiatique, qui consiste, pour la firme-pivot, à créer et à promouvoir une image de marque reconnue [42] ; enfin, l’intégration logistique, qui consiste à mettre en place une infrastructure technologique qui permet à la firme-pivot de contrôler à distance le comportement des firmes membres du réseau [43]. Ce marché de sélection, qui peut être assimilé à un « marché d’organisations », au sens de Favereau [1989], est complété par un deuxième marché, le marché dit d’allocation. 3) La recherche de l'efficacité conduit les organisation publiques à segmenter de . » (Hart [1995], p. 70 Un article de la revue L'Actualité économique (Volume 80, numéro 1, mars 2004, p. 5-170) diffusée par la plateforme Érudit. Il s’agit, toujours selon Milgrom et Roberts (ibid., p. 30), des coûts associés aux incomplétudes et asymétries informationnelles, et des coûts issus des engagements imparfaits entre contractants, compte tenu de la difficulté de conclure des contrats qui protègent des éventuels comportements opportunistes des agents. | Il est principalement centré sur le thème de la technologie comme actif. L’obligation de se dévouer à la … De leur côté, les dispositifs qui concourent à l’intégration logistique favorisent également la réduction des coûts de coordination. Entretien avec Caroline Cuny, docteure en psychologie cognitive, HDR, et enseignante-chercheure au département marketing de Grenoble Ecole de Management.Avec Marianela Fornerino et Mathieu Pinelli, enseignants-chercheurs à GEM, elle est co-auteure d'un article paru dans The Conversation, en mars 2020, qui est intitulé : Rester chez soi et rompre avec l'individualisme ambiant. 96 Cet article fournit une revue critique de la littérature concernant la conception de la technologie sous-jacente aux différentes analyses économiques de la firme. C’est également la répétition qui va générer les actifs spécifiques, source d’efficience. La première présentera les principaux Par ailleurs, la tci, à l’instar de la tct, élude largement la question des coûts de coordination du marché. La Découverte, 2003, pp. 43 Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire, Définition et fonctionnement de la firme-réseau : actifs spécifiques, incitation et coordination, La firme-réseau : échanges « hors-marché » et spécificité des actifs, Les dispositifs d’incitation dans la firme-réseau, La coordination au sein de la firme-réseau : le rôle des dispositifs organisationnels. L'idée de réaliser ce livre est consécutive à la tenue d'un work-shop à la MRASH (Maison Rhône-Alpes des Sciences de l'Homme), à Lyon, en 1993. 64 33.) Voir la présentation de ce courant dans l’article de Brousseau et Glachant [2000]. La firme-pivot met ainsi en place concrètement deux types de marché, différents mais complémentaires : un marché de « sélection » et un marché d’« allocation ». Relancé par Williamson dans les années 1970 et 1980, ce débat reste aujourd’hui très important, comme en témoigne la livraison des Papers et Proceedings de l’American Economic Review de mai 2001 consacrée à l’étendue de la firme. Pour appréhender la nature de la firme-réseau, il convient selon nous de revenir à ce qui fait la spécificité de cette forme organisationnelle. 1 04 Patrick GIBERT et Romain LAUFER. La mise en œuvre du processus de certification résulte bien ainsi des contraintes liées à l’organisation de la production. Les frontières de la firme Dans la dernière édition de The Economist, intéressant texte sur le retour des grandes entreprises : Company size: Big is back. Jusqu’aux années 1990, c’est le contrôle qui, de ce point de vue, a constitué un mécanisme de coordination essentiel, sa fonction étant de vérifier l’adéquation qualitative entre les offreurs et les demandeurs. Cette faiblesse conduit Williamson, et les économistes transactionnels en général, à surestimer la question des actifs spécifiques dans l’explication du recours à la hiérarchie [33]. Trois résultats principaux émergent de notre travail, brièvement résumés ici. Or, parler de relation d’autorité, de subordination ou encore de pouvoir de commandement à propos des relations inter-firmes revient à entretenir la confusion avec la nature de l’autorité intra-firme. Les conséquences en matière de traitement de l’intégration verticale sont alors nettement différentes (Fares et Saussier [2002]) [39]. La certification vient bien en tout cas garantir que ces firmes possèdent les compétences requises leur permettant de bénéficier de relations privilégiées avec la firme-pivot, relations fondées sur une mutualisation des engagements (ibid.). Les principales critiques tiennent, d’une part, aux difficultés qu’éprouvent les chercheurs à obtenir des données précises et adéquates et à prendre en compte le caractère endogène de la spécificité des actifs. La thèse du continuum : l’ambiguïté de la tct, La thèse de la hiérarchie étendue : frontières de la firme et frontières de l’organisation économique, La thèse de la spécificité de la firme-réseau : relations de marché, relations non marchandes et la firme. Economie (304) 94-111. Enfin, elle peut conduire à une réduction des coûts de l'entreprise en spécialisant ses activités suivant les avantages comparatifs locaux. 98 Une tierce partie, tel un juge, est alors « incapable d’observer ou d’évaluer certaines variables pertinentes, comme le niveau d’effort ou certains investissements » (Brousseau et Glachant [2000], p. 30). D’une manière générale, les quatre éléments suivants caractérisent, selon nous, une firme-réseau. I. L'entreprise : généralités et fonctionnement 1.1 Définition d'une entreprise. Vue sous cet angle, la firme-réseau se situe en définitive le long du continuum, la distinction avec la firme au sens strict étant une affaire de degré et non de nature. Toutefois, peu d’auteurs ont pris la précaution de définir ce qu’on entendait par firme et par marché (Langlois 1993). 81 L’originalité de cet article exploratoire est double. Un article de la revue Lien social et Politiques (Emploi, travail et compétences à l’épreuve du numérique) diffusée par la plateforme Érudit. 69 Distribution électronique Cairn.info pour Presses de Sciences Po © Presses de Sciences Po. 75 La question centrale, qui émerge de façon récurrente de l’ensemble de ces travaux, a trait à la question des frontières de la firme, qui de fait constitue le point de départ de la réflexion de Coase. Comme le souligne à juste titre Hodgson, l’accent mis sur le pouvoir et sur le contrôle, s’il n’est pas à ignorer, ne doit pas néanmoins aboutir à occulter les dimensions légales des relations intra-firme et inter-firmes [2002]. En effet, cela supposerait de pouvoir comparer l’importance respective des « coûts de gouvernance » du marché et de la firme, pour reprendre l’expression de Williamson ([1985], p. 91), c’est-à-dire les coûts de transaction du marché (coûts constatés) avec les coûts bureaucratiques supplémentaires de l’organisation interne générés par l’intégration verticale (coûts futurs donc non constatés). Courriel : Coase précise néanmoins dans une note de bas de page que la frontière entre ces deux relations n’est pas aussi rigide (note 21). En effet, une des règles de fonctionnement de ce marché est sa flexibilité, le fournisseur acceptant ex ante les règles fixées par la firme-pivot, condition du maintien sur le marché de sélection. Nous verrons tout d’abord qu’au sein de la firme-réseau, les échanges entre la firme-pivot et les firmes situées en amont sont largement « hors marché » ; de plus, la récurrence de ces échanges engendre la constitution de nombreux actifs spécifiques. La plupart des travaux sur les firmes-réseaux montrent ainsi que les contrats inter-firmes garantissent contractuellement la valeur des actifs spécifiques, notamment physiques, principalement en octroyant au fournisseur, dans le cadre du marché d’allocation, une durée de contrat calquée sur la durée de ces actifs (Saussier [1998], p. 142) [17]. Afin de saisir les multiples facettes de la frontière, les enjeux de cette notion sont ici analysés dans des domaines très divers tels que le commerce international, la délimitation de la firme, mais aussi les lignes de partage entre public et privé, entre vie professionnelle et vie privée, etc. Dès lors, pour la tci, dans un monde où il existe des coûts de transaction et des contrats incomplets, la propriété des actifs non humains est essentielle car elle procure à son titulaire des droits résiduels de contrôle ex post, qui eux-mêmes affectent le pouvoir de négociation ex post, et donc la répartition du surplus généré par la relation. 54 La problématique de l’externalisation est-elle la même quelles Résultant de l’intégration des systèmes d’information des clients et des fournisseurs, l’intégration logistique possède finalement une triple fonction de conception, d’ordonnancement du travail et de planification des livraisons. Tout d’abord, la répétition des échanges entre la firme-pivot et les firmes membres du réseau est cruciale, dans la mesure où une des conditions de la réalisation de ces « contrats de gouvernance », pour reprendre l’expression d’Holmström et Roberts ([1998], p. 85), est bien évidemment l’espérance de gains futurs, comparativement aux pertes issues d’un comportement opportuniste de court terme. En définitive, comme on le constate, le fonctionnement de la firme-réseau génère de nombreux coûts irrécouvrables (sunk costs) en cas de rupture de la relation, ce qui explique la durabilité des relations. Nous analyserons ici deux mécanismes, de nature différente, dont la généralisation au sein des firmes-réseaux concourt également à l’efficience de cette forme organisationnelle. – Enfin, et il s’agit du résultat de la répartition des tâches entre les firmes composant le réseau, la firme-réseau, du point de vue de son architecture organisationnelle, est fréquemment organisée sous une forme pyramidale, composée de deux, voire de trois niveaux. 18 D’une part, bien que Williamson, reprenant son analyse de 1991, indique dans deux articles ([1999], p. 1090 et [2000], p. 606) que la firme, le marché et la forme hybride sont des modes alternatifs de gouvernance qui diffèrent du point de vue de leurs attributs, la catégorie forme hybride reste néanmoins floue. 40 | Psychologie (45) | Ménard détaille cet aspect dans son article de 1997. Ainsi définie, la firme-réseau se rencontre dans de nombreux secteurs, l’automobile, la construction aéronautique, la chaussure, le textile, le bâtiment, l’édition cinématographique, l’informatique, l’agro-alimentaire [11] (Fréry [1998], p. 62). Notons que ce lien est, en revanche, clairement et explicitement mis en évidence par la théorie des contrats incomplets. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Le cas du calcul scientifique Jérôme BARTHELEMY ESSEC Avenue Bernard Hirsch 95021 CERGY PONTOISE Cedex Tél. [26], dont l’objet est de rationaliser et d’ordonner la production en traitant des pièces différentes par famille, depuis leur conception jusqu’à la production. Indépendamment du fait que cette thèse surestime la capacité de la firme-pivot à imposer ses propres préférences, elle contribue également en partie à dissoudre les frontières légales de la firme, et de ce fait les relations inter-firmes sont assimilées aux relations intra-firme. Considérer économiquement la firme-réseau comme indépendante du marché et de la firme revient dès lors à poser la question de son éventuelle appréhension juridique [50]. On constate en effet le passage d’une gestion de l’organisation physique de la production par les stocks à une gestion à « flux tendus ». 1 La qualification est appréhendée par le niveau de capital humain accumulé par le salarié dans le c ; 4 Une troisième perspective est dite configurationnelle. Les flux commerciaux entre deux régions d’un même pays sont souvent plus importants qu’entre deux régions situées dans deux pays différents.
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