» dans les deux parties suivantes superpose la montée de l’histoire et celle de l’âge d’homme : un même paradigme réunit « J’ai grandi », « J’ai vécu ; J’ai pensé » : J’ai pensé. Pour le proscrit, relégué, exclu, insulté, il est une voie d’accès à la vérité et à la paix. Classiques de Poche, éd.Livre de Poche Octobre 1853. 7 « La poésie était le monarchie […] » (« Réponse à un acte d’accusation », I, 7). Elle est d’abord un hymne à la paix retrouvée après l’épreuve, « Gethsémani » de l’exilé dont la « solitude » s’achève en « plénitude ». Mais si Châtiments a bien pour objet essentiel l’histoire contemporaine, satire patronnée par la « Muse Indignation » de Juvénal, le recueil inclut une double réflexion sur la force du Verbe et le caractère performatif des coups qu’il porte ainsi que sur l’histoire de l’auteur et son évolution historique qui est le sujet de plusieurs poèmes. Bientôt l’histoire du siècle se précipite, révolution de 1848, mais surtout pour Hugo triomphe du « drôle en chef », passage à l’opposition politique, révolte et exil27. Le titre du livre VI, Au bord de l’infini, reprend sous toutes leurs formes les révoltes originelles pour aboutir in extremis, dans « À celle qui est restée en France », à l’opposition fondamentale qui implicitement portera toute la suite de l’œuvre. Les Contemplations sont un recueil poétique de Victor Hugo. Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne…, ou plus simplement Demain, dès l’aube…, est l’un des plus célèbres poèmes de Victor Hugo, publié en 1856 dans le recueil Les Contemplations. La Révolution française de 1789 a créé un torrent d'idéaux romantiques dans toute l'Europe. 3 La Préface précise, on le sait, la fusion entre auteur et lecteur, mais celle-ci reste de « deux individualités » : « Ce livre contient, nous le répétons, autant l’individualité du lecteur que celle de l’auteur ». 9 Voir l’ouvrage de Jean Gaudon, Le Temps de la Contemplation, Paris, Flammarion, 1969. Contexte artistique et historique au XIX e siècle Les bouleversements sociaux et humains-Exode rural-Travail dans de nouveaux secteurs d’activités-Conditions de travail difficiles La révolution industrielle-Innovations technologiques -Nouvelles cultures -Recours aux engrais Le réalisme … Le poème  « Ô strophe du poète, autrefois, dans les fleurs » (V, 25,) décrit cet arrachement forcé que l’exilé a fait subir à une poésie autrefois en symbiose avec sa propre découverte de la nature, de l’amour, des hommes, pour que désormais le poète la contraigne, « Proserpine sinistre », à partager la prison du « sévère habitant de la blême caverne ». Le recueil des Contemplations se présente d’abord comme très éloigné du pamphlet satirique, tant du point de vue de l’énoncé, « une destinée est écrite là jour à jour », que de l’énonciation effaçant largement la part « personnelle » de la voix poétique, « ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne ». prendre en charge Sa solitude est « désert », « grèves blêmes », ses rêves, ses visions apparaissent « Du bord des sinistres ravines », ses songes de la « brume hagarde » (« À celle qui est voilée », VI, 15). 4 Voir sur ce point les travaux fondateurs de René Journet et Guy Robert (Autour des Contemplations, Les Belles Lettres, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1955 ; Le manuscrit des Contemplations, Les Belles Lettres, Annales littéraires de l’Université de Besançon, 1956). C’est un ouvrage imposant : plus de dix mille vers, qui a nécessité une publication en deux volumes. Les deux premières références sont à Caton, se perçant de son épée et à Dante, l’exilé. , en conséquence, Séance 1 : : Introduction (2 heures) présentation de Victor Hugo sa vie ; le contexte historique et littéraire de son œuvre (Cette séance peut se dérouler, en … de Charles Hugo. 12 Le mot est pris dans son sens étymologique. ... paru en 1856 dans le recueil Les Contemplations - contexte historique : Durant les successions de régimes politiques, la révolution industrielles et les bouleversement sociaux. La « Réponse », en I, 7, est le texte le plus long et a comme objet premier le nécessaire renouveau esthétique des années 1820 : Donc, c’est moi qui suis l’ogre et le bouc émissaire.Dans ce chaos du siècle où votre cœur se serre, J’ai foulé le bon goût et l’ancien vers françois […]. sois éternelle ! Victor Hugo, 1853. Cet immense poème de 672 vers est une vaste interrogation sur la mort et l’éventualité de l’infini. Avant le redressement qui surgit en leur terme, les figures, témoignant de cette poésie nouvelle évoquée par « Ô strophe du poète… » (V, 25), se confondent avec l’expérience de l’exil : la tempête, l’ouragan, la foudre, le gouffre, le naufragé. 8 Jean Gaudon donne les étapes de la composition d’après... 9 Voir l’ouvrage de Jean Gaudon, Le Temps de la Contempl... 10 À Hetzel, le 12 juillet 1855 : « Je recommande à votr... 13Le travail de la composition, de la disposition des poèmes dans le volume est essentiel. La réponse au « Pourquoi ? *Il le regarde, il le contemple ;Vision que rien n’interrompt !Il devient tombe, il devient temple ;Le mystère flambe à son front. Viennent ensuite la jeunesse brisée par le travail, l’animal trop chargé, fouetté par le charretier, l’avocat véreux ; puis le gueux, ancien soldat, face au millionnaire respecté dont la guerre fit la fortune. Más informació ; Contexte. Ils répondent à l’exilé, au proscrit condamné au « noir cromlech16 » et à sa nuit. 7« Quelques mots à un autre », en I, 26, daté fictivement de novembre 1834, sert de relais à cette « Réponse » et annonce « Écrit en 1846 » qui, placé au livre V, fut écrit à sa suite et antidaté pour les mêmes raisons de composition biographique. Par eux adviennent la liberté et le progrès. Les textes sont disponibles sous licence Creative Commons Attribution-partage dans les mêmes conditions ; d’autres conditions peuvent s’appliquer. asiles ! « Cadaver » (VI, 13) chante la splendeur du sort qui attend le mort et dont témoigne le sourire du cadavre : « Un commencement d’astre éclot dans sa prunelle ». Il y accède par le biais d’une ascèse faite de solitude absolue, de dénuement, de tension pour « sonder11 » la nature qui l’entoure : Et dépassant la créature,Montant toujours, toujours accru,Il regarde tant la nature,Que la nature a disparu ! Certes Les Châtiments (1853), violent libelle contre Napoléon III, marquaient un retour à la poésie, mais à une poésie tout entière au service de la politique. 8« Écrit en 1846 » est composé à dessein sur le même modèle d’une réponse à un accusateur. Le fait était déjà évoqué dans « Joyeuse vie » (Châtiments, III, 9) par le spectacle des caves de Lille et de la misère sordide qui y régnait. Lorsque l’ascèse dépasse l’espace moral, matériel, social pour se résoudre en vide métaphysique, la contemplation est mise en échec. 41Le livre VI, en dépit de l’alternance soigneusement entretenue entre les pièces et du choix de terminer sur le grand poème didactique de l’échelle dynamique des êtres, reste dans le recueil celui de l’épreuve du doute. Sont datés de 1846 les vers 1-73 / 100 / 112-118 ; de 1855 les vers 74-99 / 112-763 / 782 à la fin ; de 1840 les vers 764-781 (Victor Hugo, Œuvres complètes, op. Le « templum » latin était la projection architecturale sur la terre de l’espace où s’observaient les présages, délimité par les augures. Cette seconde partie composera Châtiments publié en 1853. Le poète se définit alors comme un passant méditant sur « le fond de la souffrance humaine ». Ils marquent don 14Dans les deux premiers livres, la connaissance poétique passe par le regard porté sur le monde et la fusion du poète avec la chose vue. 20 On peut y voir des allusions directes dans « Melancho... 27En revanche, le poète trouve des porte-parole intérieurs dont l’exil n’est pas d’être éloigné physiquement de France, mais de vivre à l’intérieur de leur patrie. Il annonce le lien entre la « Grandeur du petit » et « Les Mages », poème situé à la fin du recueil avant la révélation de la « Bouche d’ombre ». Il faut attendre les affaires de Rome en octobre 1849 pour que la rupture avec la droite soit consommée. Les courants littéraires regroupent des principes, des idées et une vision commune du monde et de la littérature. Ce sont là, pour employer l'expression même de Hugo, « … hésitation quant aux titres des diverses parties. La misère sociale « historique », relais de la misère morale et philosophique de l’exilé. Le choix final, en Profil d'une oeuvre, Hatier n° 76, "Les Contemplations" de Victor Hugo, de Pol Gaillard et Arnaud Laster, 4,50 €, des clés indispensables pour lire l'oeuvre (Le contexte historique, la structure du recueil, et l'étude des problématiques essentielles (Libération du vers et du mot, le désir et l'amour, l'épreuve du deuil, la dénonciation des injustices). La suite du livre III revient sur le même constat, mais joue directement de la scène isolée et de l’image symbolique. Quatre ans après la publication des Contemplations, Hugo va reprendre la rédaction des Misérables20. « Qu'est-ce que les Contemplations ? Court, mais grand poème de l’exil dans son acceptation : solitude du « naufragé », paysage de l’abîme, mer et cieux, nuages noirs, ouragans, opprobre de la société, l’insulte ou les messages apeurés d’anciens amis, l’horizon : mort et infini. Mais les poèmes les plus anciens de ce recueil datent de 1834. 4 Voir sur ce point les travaux fondateurs de René Journ... 4La composition du recueil suppose un vaste travail de réflexion dont témoigne en particulier le jeu savant des dates attribuées à la rédaction des poèmes. Contemplationsqui consiste à rabattre la république sur Léopoldine, la catastrophe historique sur le deuil intime n’est pas sans danger, et même, ainsi grossièrement formulée, ne nous semble pas pertinente, au moins sociocritiquement ; son lukacsisme attardé suffit d’ailleurs à la disqualifier en réactivant la défunte, et détestable, théorie du reflet. Marine Wisniewski est docteur en Littérature française de l'Université Lyon 2. Mais, avec le temps, la peur vient, sans qu’il prenne bien la mesure de cette Révolution « formidable ». Son abattement politique n’est pas encore oppositionnel. Le lexique était soit noblesse, soit « populace du style », affaiblissant l’idée à exprimer. 26 Retrait qui s’oppose à l’accomplissement : le dévoilement du « grand caché de la nature », Dieu et son mystère (« Magnitudo parvi », vers 421-430). raréfaction des poèmes et surtout par le vide qui suit la date du 4 Cette histoire reste enfin définitivement en prise sur la société qui est la sienne et qui va du plus misérable, aux « amis », aux plus grands, les Mages, qui de façons diverses ont tous partagé ses épreuves. Il est évidemment artificiel de séparer ces trois axes concomitants, familial, politique, poétique, mais la lecture suffit à les regrouper et l’analyse permet de saisir ce jeu des correspondances entre poèmes d’un bout à l’autre du volume, ce qui rend sensible l’unité de l’ensemble. Je n’ai point fait de mal. Entre 1840 et 1856, il a été fort occupé, il est vrai, et de plus en plus, par ses engagements politiques. La seconde partie détache, dès après le deuxième poème, la date de la mort de Léopoldine, isolée sur la page, faisant du livre IV le livre du deuil de l’enfant. bois profonds ! Inversement les véritables « malheureux » sont les jouisseurs et les triomphateurs. L’épreuve de la misère et de l’injustice sociales sous toutes leurs formes, dont la politique de l’époque est responsable, sont autant de sujets d’opposition aux temps paisibles de la découverte d’une poésie nouvelle que comble la découverte de la nature et de l’amour. Inversement, ses persécuteurs dont le pouvoir est fait de triomphe et de jouissance sont d’avance inexorablement condamnés à la malédiction divine. 22L’« exil » (ou la mort symbolique) du pâtre ou celui du Mage, l’un dans l’extrême humilité de sa solitude et de son dénuement, l’autre dans la densité du travail de haute science ou de poésie, restent le fait d’êtres exceptionnels qui ne peuvent être qu’exemples ou intermédiaires. L’ « Évanouissement » apparaît comme la fin attendue, avant que la dernière section n’apporte, au vers 643, le retournement : « Le mot, c’est Dieu ». », après un tiret et un blanc : « Et que tout cela fasse un astre dans les cieux ! Parmi les poèmes qui chantent cette marche à travers champs et forêts, fleurs et oiseaux, quelques-uns rappellent que sa vocation poétique est indissociable de cette découverte (I, 9 ; 13 ; 17, par exemple). Entre les deux livres, l’expérience de la mort réelle et symbolique est passée. tout est sépulcre. L’infini, et le bien-fondé de la contemplation, on l’a vu, triomphent dans la chronologie des poèmes successifs. Les Contemplations réfléchissent l'aspect et traduisent les joies ou les douleurs de « vingt-cinq années », autant dire de toute une existence. Dramaturge, romancier, poète, Victor Hugo est devenu un monstre sacré de la littérature française. La voie qui les mène à la connaissance les fait se perdre dans leur objet, nature et infini confondus. Présent au chaos des mondes, « le contemplateur triste et meurtri, mais serein » ne se reconnaît plus dans l’« évanouissement » de son œuvre et de l’individualité qui y est attachée. Il est remarquable qu’aucune accusation directe de la condamnation de 1851 et de ses responsables ne soit évoquée et que l’exil politique apparaisse comme un fait acquis. L’accusation est portée avec plus de force encore contre la méconnaissance de l’histoire et du passage d’une époque à une autre, les temps modernes étant liés au libéralisme comme au romantisme : Liberté ! 26« Veni, vidi, vixi » (IV, 13), écrit en 1848, est le seul poème du recueil directement en prise sur l’événement historique : l’exil moral qu’a été le rejet de la foule parisienne après la révolution de février 1848, alors que le poète restait encore très critique sur les bouleversements politiques en cours. Les 11 000 vers des Contemplations comptent parmi les plus beaux poèmes de la poésie française . Le poème en reprend l’esprit et la philosophie du crime portant en lui son châtiment : Et Dieu les a tous pris alors l’un après l’autre,Le puissant, le repu, l’assouvi qui se vautre,Le czar dans son Kremlin, l’iman au bord du Nil, […]M’ouvrant avec ses mains ces profondes poitrines,Et, fouillant de son doigt de rayons pénétré,Leurs entrailles, leur foie et leurs reins, m’a montréDes hydres qui rongeaient le dedans de ces âmes. « Magnitudo parvi », daté fictivement de 1839, se situe à l’extrémité du livre III. Sur l’observation première se greffe l’idée d’une vérité plus haute, celle de correspondances indiquant elles-mêmes une unité dont le plan se confond avec l’infini, Dieu, accessible par l’ascèse de la solitude et du labeur, première mort au monde, encore symbolique, ouvrant à la contemplation. 42« À celle qui est restée en France » met au premier plan, après la mort de l’enfant, le tragique intolérable du pèlerinage annuel interdit que la proscription impose. Mais avant de voir quel genre de spirite a été Hugo et ce qu’il peut nous apprendre du phénomène, je voudrais revenir sur ces événements étranges qui fournissent une partie du contexte de publication des Contemplations. L’ère advenue de l’idée, née de la Révolution politique, force à prendre parti dans le monde des lettres et réfute une poétique et une éthique socio-politique appartenant à des temps dépassés. projets de Hugo, comme ses lettres, montrent son La diatribe est marquée, en V, 3, de façon plus personnelle : elle est adressée à un vieil ami de sa mère qui va mêler son reproche à celui, posthume, qu’elle serait censée lui faire. Calme, avec l’indigenceEt les haillons je vis en bonne intelligence,Et je fais bon ménage avec Dieu mon voisin. Ainsi dans « Horror » (VI, 16) : Oui, le penseur en vain, dans ses essors funèbres,Heurte son âme d’ombre au plafond des ténèbres ;Il tombe, il meurt ; son temps est court ;Et nous n’entendons rien dans la nuit qu’il nous lègue,Que ce que dit tout bas la création bègueÀ l’oreille du tombeau sourd. 17 Jacques Seebacher, « Sens et structure des Mages », dans Victor Hugo ou le calcul des profondeurs, Paris, PUF, coll. 24 L’image est reprise dans « Le Satyre » de la première... 37L’essor de la connaissance se heurte cette fois à un mur, ou plus exactement à ce « plafond » qui s’ouvrait au pâtre et que perceront plus loin les Mages. Les Châtiments de Victor Hugo ont été publiés pour la première fois en 1853, soit deux ans après le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte. Le baroque et le symbolisme sont des courants littéraires. 18Ce passage par l’ascèse de l’absence au monde, indispensable à l’accession à la contemplation, va trouver sa correspondance tragique dans l’épreuve de la mort de l’autre, l’enfant, et de la mort sociale représentée par l’exil. Le livre est donné comme partagé en deux partie : Autrefois, 1830-1843, Aujourd’hui, 1843-1856. Du fond de cette solitude tragique qu’impose la proscription, l’opposition prend alors tout son sens. tout est sépulcre » (VI, 18) : Hélas ! Dans « Les Mages », au contraire, le mot est le dernier du poème, et semble correspondre à l’accomplissement de la contemplation, précédant l’énigme de « L’extase de la mort sacrée » : En attendant l’heure dorée,L’extase de la mort sacrée,Loin de nous, troupeaux soucieux,Loin des lois que nous établîmes,Allez goûter, vivants sublimes,L’évanouissement des cieux ! Il y a là un sacrifice individuel et l’affirmation, au-delà du doute, d’une vérité à chercher dans ce chaos, obstinéme. D’une certaine façon, dans « Aujourd’hui », l’exil politique devient premier, l’évolution de la pensée entre dans une phase radicale : celle de la privation de la liberté physique et sociale, mort symbolique qui, on va le voir, est le passage obligé de la contemplation. 26 Retrait qui s’oppose à l’accomplissement : le dévoile... 43Cette ultime mort au monde qui passe par l’« évanouissement » de l’œuvre semble mettre un terme au long renoncement imposé par l’exil, à la fois acceptation, sacrifice du « moi » terrestre, et accès glorieux de l’âme à la confusion avec la nature. » Cité par Léon Cellier, Les Contemplations, Paris, Classiques Garnier, 1985. Celui-ci refuse la plainte du poète et lui oppose la paix et le bonheur dont il jouit dans la nature : Quand l’aube luit pour moi, quand je regarde vivreToute cette forêt dont la senteur m’enivre,Ces sources et ces fleurs, je n’ai pas de raisonDe me plaindre, je suis le fils de la maison. « Écrivains », 1993, p. 141. 35Elle passe, dans le dernier livre, Au bord de l’infini, par l’obsession de la mort qu’orchestre le long poème « Pleurs dans la nuit » (VI, 6), mort qui est la fin attendue pour « tous » et qui rend vaine la recherche du vrai : Qu’avez-vous donc trouvé, dites, chercheurs sublimes ?Quels nids avez-vous vu, noirs comme des abîmes,Sur les rameaux noueux […]De quelqu’un qui se tait nous sommes les ministres ;Le noir réseau du sort trouble nos yeux sinistres ;Le vent nous courbe tous ; 36Cette misère pascalienne de l’homme sans Dieu obstrue définitivement l’espoir d’accès à la connaissance. Publiées en 1856, Les Contemplations portent la marque d'un double deuil : la pert Image dernière de l’exilé dont la pensivité active qui prélude à la contemplation, fait la force douloureuse, mais triomphante26. Le « temp... 16La disparition de la nature, morte au monde du regard, permet le dévoilement de Dieu, l’accession à la contemplation, à l’espace sacré du temple dessiné par projection du ciel sur la terre12. 21Cette ascèse est celle de la contemplation, paroxystique : l’écoute de la nature, la perte de soi dans le regard-rayon qui relie l’âme à celui qui émane de Jéhovah, rattachant ainsi Dieu aux hommes, l’engloutissement enfin dans la vie universelle. tout lecteur, y compris la souffrance du deuil qui creuse le quatrième Après le collège, réduit à l’apprentissage des vers latins, la confrontation entre la nature et l’art se heurte à l’état d’une langue : « La langue était l’état avant quatre-vingt-neuf ; / Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes ». Le fondement d’une poétique et sa coïncidence avec l’histoire. L’exilé est frappé du doute inhérent à cette mort au monde social, à l’impossibilité d’agir, cela au sein d’une nature « autrefois dans les fleurs », désormais sinistre, qui partout, reflète ce bannissement de la vie. Les Contemplations comme œuvre du deuil Les Contemplations sont surtout un recueil de la nostalgie et en particulier du souvenir de Léopoldine , la fille du poète, qui meurt noyée dans la Seine avec son mari le 4 septembre 1843 , dont Hugo apprend la mort par hasard dans la presse le 9 septembre 1843 à Rochefort, alors qu'il revient d'un voyage en Espagne avec Juliette Drouet. « Chose vue un soir de printemps » (III, 17), écrit aussi en 1855, au lendemain de la rédaction des « Pauvres Gens22 ». C'est ce qu'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme » (Préface). La strophe VIII, ajoutée, on le sait, in extremis, reste cependant énigmatique. 2 Voir les éditions de Ludmilla Wurst qui insiste sur cette unité originelle, de Pierre Laforgue qui précise l’origine plus lointaine et circonstanciée de cette genèse et bien sûr de Jean Gaudon (Ludmilla Wurst, Poche classique, 2002 ; Pierre Laforgue, GF Flammarion, 1995 ; Jean Gaudon, Victor Hugo, Œuvres complètes, éd. La dernière partie orchestre l’idée d’une indéfectible fidélité à soi-même : L’horizon a changé, marquis, mais non pas l’âme.Rien au-dedans de moi, mais tout autour de moi.L’histoire m’apparut […]. ». 28Les poèmes que l’on peut dire de la misère sociale, de l’isolement du misérable à l’intérieur d’une société qui le rejette, traversent le recueil et d’abord le troisième livre, Les Luttes et les rêves, qui marque l’accès à la connaissance de la société avec tout ce qu’elle suppose d’intrusion du mal dans un monde jusque-là observé dans la nature et au prisme de l’amour. Pair de France depuis 1843, maire du VIIIe arrondissement de Paris, député à la Constituante en 1848, il soutient Louis-Napoléon Bonaparte avant de devenir son plus farouche opposant, et de s'exiler en Belgique puis en Angleterre jusqu'à la chute du second Empire en 1