Après s'être réconcilié avec sa tante, Géricault se rase le crâne et s'astreint à une discipline de vie monastique dans son atelier au Faubourg-du-Roule, de novembre 1818 à juin 1819[23]. Devenus fous, reclus et affamés, ils massacrèrent ceux qui comptaient se rebeller, mangèrent leurs compagnons décédés et tuèrent les plus faibles, « nous passâmes de l'euphorie à une grande déception, à de profonds tourments », « une dynamique diagonale et horizontale nous conduit des cadavres en bas à gauche de l’œuvre aux vivants dans le coin opposé », « il y a toujours quelque chose d'académique dans ces personnages, qui ne semblent pas avoir été suffisamment affaiblis par la faim et la soif, les maladies et la lutte pour la survie, « représentant d'une école au style grandiose, irrémédiablement associée à une cause perdue », « Le curieux mélange d'éléments classiques avec un regard réaliste, que David a imposé à la peinture, perd désormais sa force et son intérêt. La troisième met en scène, à sa base, des cadavres et des mourants, desquels émergent les survivants ; à son sommet culmine l'espoir de sauvetage, avec la figure centrale d'un homme noir agitant sa chemise. Le lourd gouvernail, agissant comme un bélier, brise le plateau arrière. Le radeau de la Méduse Histoire des arts L’histoire réelle du naufrage de la Méduse. Il s'agit d'un film historique retraçant l'épisode du naufrage de La Méduse et la conception du tableau de Géricault, où ce dernier est interprété par Laurent Terzieff et où le capitaine est joué par Jean Yanne. The Gulf Stream (1899), du peintre américain Winslow Homer (1836-1910), reproduit la composition du Radeau de La Méduse : une embarcation endommagée au centre du tableau, entourée par les requins et menacée d'être renversée par les vagues. Afin de réaliser la représentation la plus authentique possible des différents aspects de la chair des cadavres[20], il réalise plusieurs esquisses de dépouilles à la morgue de l'hôpital Beaujon[19], étudie le visage de patients sur le point de mourir[23], et emporte même dans son atelier quelques membres humains pour observer leur décomposition[N 2]. L'attention du spectateur est en premier lieu dirigée vers le centre de la toile, puis sur le mouvement des survivants, montrés de dos et avançant vers la droite du tableau[41]. Tout le monde a déjà entendu parler du Radeau de la Méduse, le tableau de Géricault. Après une escale à Ténériffe, on approche de la côte africaine. ». Géricault, revenant à Paris après un long voyage d'étude en Italie, découvre par hasard la première édition du naufrage qui date du 22 novembre 1817, il s'agit de la publication de deux survivants du naufrage, l'aide-chirurgien Henri Savigny et le gadzarts, ingénieur-géographe Alexandre Corréard[17]. le radeau de la méduse : son histoire et ma vision de la toile. Le Radeau de La Méduse est un e peinture à l'huile sur toile, réalisée entre 1818 et 1819 par le peintre et lithographe romantique françaisThéodore Géricault (1791-1824). Après avoir pris la décision de réaliser le tableau, il entreprend des recherches approfondies avant de commencer la peinture. Au septième jour, il ne reste que 27 survivants dont la moitié agonise. Au lever du jour, on comptera soixante-neuf cadavres, tous parmi les soldats. Cette différence de réception publique est en partie due aux conditions d'exposition : à Paris, le tableau est suspendu en hauteur, dans le Salon Carré – une erreur dont Géricault s'aperçoit lorsqu'il voit pour la première fois l’œuvre installée –, tandis qu'à Londres, elle est placée près du sol, ce qui renforce son caractère monumental. Tout a été pensé et calculé. Si le tableau de Géricault Le radeau de la Méduse est l’une des stars du Louvre parmi les plus visitées, on ne sait pas toujours que son point de départ est une histoire vraie qui a secoué la France du début du 19ème siècle. De nombreuses caricatures politiques, notamment dans Le Canard enchaîné et Le Figaro, reprennent la composition du tableau[61]. ZOOM SUR : Le Radeau de la Méduse, Théodore Géricault (1818-1819) Attrapez votre oreiller, mettez-vous en petite boule sur votre lit et laissez nous vous conter l’histoire du Radeau de la Méduse. Ce tableau, de très grande dimension (491 cm de hauteur et 716 cm de largeur), représente un épisode tragique de l'histoire de la marine coloniale française : le naufrage de la frégate Méduse. Doc. Géricault fait également poser des modèles, réalise un dossier comportant de la documentation sur l’événement, copie des tableaux d'autres artistes s'approchant du même thème, et se rend au Havre pour y observer la mer et le ciel[23]. Peintre de paysages marins, ce dernier est manifestement inspiré par les premières œuvres de Turner, avant d'évoluer vers l'impressionnisme à la fin de sa carrière[87]. Dans une scène où le capitaine Haddock tombe à l'eau et remonte à la surface avec une méduse sur la tête, Tintin lui demande : « Vous voulez donc à tout prix que ce soit réellement Le Radeau de La Méduse ? À nouveau, comme Géricault et Turner, Homer fait d'un homme noir le personnage central de la scène, même s'il est le seul occupant du rafiot. Parmi les scènes qu'il pense choisir se trouvent notamment la mutinerie contre les officiers, survenue le deuxième jour passé sur le radeau ; les actes de cannibalisme, qui ne surviennent qu'après quelques jours ; et le sauvetage[27]. »[51],[75]. It is on display in the Louvre. Deux autres lignes diagonales sont utilisées pour renforcer la tension dramatique. En 1859-1860, en raison de la détérioration de l’œuvre originale au fil du temps (l'huile était cuite avec trop de plomb et se noircissait), le Louvre en commande une copie conforme à l'échelle destinée à être prêtée pour des expositions hors du musée[70]. Immédiatement exposée, elle domine la galerie dans laquelle elle se trouve. Elle mène une flottille formée de trois autres appareils : le navire de combat Loire, le brick Argus et la corvette Écho. Plus tard, ce dernier est déplacé au château de Chambord où il est conservé jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale[74]. Le Radeau de la Méduse de Géricault est à n’en pas douter l’un des tableaux les plus célèbres de la peinture française. La copie est achetée par un ancien amiral, Uriah Philipps, qui la cède en 1862 à la New-York Historical Society, qui fait l'erreur de la cataloguer comme une œuvre de Gilbert Stuart. Par bien des aspects, le peintre de 28 ans démontre tout son génie par son travail d’une grande finesse. Montfort, un de ses amis, déclare plus de trente ans après l'achèvement de l’œuvre : « [La méthode de Géricault] me fascinait tout autant que sa prolificité. En 1793, David peint déjà un événement contemporain d'importance dans La Mort de Marat. Cinq personnes meurent peu après leur arrivée à Saint-Louis du Sénégal, après avoir enduré la faim, la déshydratation, la folie et même l'anthropophagie. A bord embarque aussi le colonel Schmaltz, nommé gouverneur du Sénégal. La monumentalité du format (491 × 716 cm) fait que les personnages en arrière-plan sont à échelle humaine, et que ceux au premier plan sont même deux fois plus grands qu'un homme : proches du plan de l’œuvre, entassés, les personnages créent un effet d'immersion du spectateur dans l'action du tableau[31]. Les rayons qui percent la couche nuageuse donnent une lumière crépusculaire qui accentue le côté dramatique de la scène en éclairant les corps des cadavres. En 1816 elle est envoyé au Sénégal pour une mission de reconnaissance ; mais le 2 juillet de la même année au large des côtes Sénégalaises la Méduse s’échoue sur des bancs de sable et le bateau d’engouffre dans les flots. Quelques jours plus tard, une deuxième « révolte » fait plus de trente morts, toujours parmi les « mutins ». L'exposition est soutenue financièrement par le roi Louis XVIII et présente près de 1 300 œuvres individuelles, 208 sculptures et de nombreux travaux d'architecture et gravures[15]. Peint en 1819, ce tableau réserve bien des mystères et a récemment occulté le fait divers qui l’a inspiré. Un dernier « conseil de guerre » se réunit et décide que douze naufragés sont trop faibles pour survivre : ils sont donc jetés à la mer... Lorsque le surlendemain, le 17 juillet, L'Argus retrouve enfin le radeau, on ne dénombre plus que 15 survivants à bord... Cinq d'entre eux mourront d'épuisement peu après leur arrivée à Saint-Louis. Selon l'historien de l'art Richard Muther, l'influence du classicisme est prégnante dans le tableau : pour lui, le fait que les personnages soient peints quasiment nus témoigne d'une volonté d'éviter de peindre des vêtements « en décalage avec l'atmosphère de l’œuvre ». En raison de sa volonté de représenter la réalité avec ce qu'elle a de repoussant, Le Radeau de La Méduse est une figure marquante du mouvement romantique émergent dans la peinture française, et pose les fondements d'une révolution esthétique, en réaction au style néoclassique qui domine alors[49]. » Le peintre a néanmoins de fervents soutiens, tel l'écrivain et critique d'art Auguste Jal, qui admire le fait d'avoir traité d'un sujet politique, ses opinions libérales (par la mise en avant de la figure du « nègre », et la critique de l'ultra-royalisme), et sa modernité. Article sur l'œuvre de Connell dans ARTnews de l'été 1993. Plusieurs corps jonchent le radeau, au premier plan, sur le point de tomber à l'eau en raison des vagues. L'artiste peint avec de petits pinceaux et des huiles visqueuses, ce qui lui laisse peu de temps pour modifier son travail ; la peinture est sèche le lendemain matin. Il s'agit du premier héros de la peinture occidentale sans nom et vu de dos[38]. Pour Jules Michelet, « c'est la société tout entière qui se trouve sur le Radeau de La Méduse »[20]. Lorsque la marine britannique retrouve la Méduse, quarante-deux jours plus tard, seuls trois des dix-sept marins restés à bord sont encore en vie. 149 marins et soldats, dont une femme, s'entassent sur le radeau de fortune non prévu pour transporter des hommes. La composition dramatique des tableaux de Géricault, avec ses contrastes de ton marqués et ses mouvements hors du commun, pousse Delacroix à oser s'essayer à des formats de grande taille. Il dessine et peint plusieurs esquisses alors qu'il choisit quel moment il souhaite représenter dans le tableau final[26]. Au Salon de 1819, Le Radeau de la Méduse présenté par Théodore Géricault crée la polémique. Le Radeau de La Méduse est une peinture à l'huile sur toile, réalisée entre 1818 et 1819 par le peintre et lithographe romantique français Théodore Géricault (1791-1824). L'élève de David, Antoine-Jean Gros, est comme lui le « représentant d'une école au style grandiose, irrémédiablement associée à une cause perdue »[48], mais, dans des œuvres majeures, il accorde autant d'importance à Napoléon qu'à des morts ou des mourants anonymes[27],[N 3]. Toutefois, il s'agit ici d'une œuvre appartenant au courant réaliste et non romantique, notamment en raison du caractère stoïque et résigné du personnage central. Un vieil homme tient la dépouille de son fils sur ses jambes ; un autre pleure de rage, abattu ; un cadavre sans jambes à gauche évoque les pratiques anthropophages qui ont eu lieu sur le radeau réel tandis que des taches éparses de rouge sang rappellent les affrontements. Géricault s’inspira du récit de deux rescapés de La Méduse, frégate de la marine royale partie en 1816 pour coloniser le Sénégal. L'écrivain François Weyergans transpose le mythe dans la société contemporaine, dans un roman homonyme paru en 1983. Une étude préliminaire pour Le Radeau de La Méduse, réalisée à l'aquarelle et conservée au Louvre, est bien plus explicite : celle-ci montre un personnage en train de ronger le bras d'un cadavre décapité[55]. Le ministre de la marine est obligé de démissionner. Il n'a à son bord que quinze rescapés, qui sont suspectés de s'être entretués ou d'avoir jeté les autres par-dessus bord, voire d'avoir commis des actes de cannibalisme. Vers quinze heures, devant l'inquiétude grandissante de l'équipage, deux officiers décident de contrevenir aux ordres et de sonder, ce qui donne 18 brasses, puis 10, puis 6... Chaumareys, qui commence tout de même à percevoir un danger, donne alors l'ordre de changer de cap. Les marins attrapent quantités de poissons. The painting, titled Le Radeau de la Méduse (English: The Raft of the Medusa), is considered an iconic work of the French Romantic movement and Géricault's masterpiece. Au bout de treize jours, le 17 juillet 1816, le radeau est repéré par le brick L'Argus, alors qu'aucun effort particulier n'était entrepris pour le retrouver[12]. Deux cents ans plus tard, son tableau est l’un des plus célèbres du musée du Louvre. Ce que l’on remarque en premier lieu, outre la force saisissante des clairs-obscurs, c’est cette composition pyramidalequi nous él… Ainsi que Géricault le pressent, le tableau provoque la controverse lors de sa première présentation à Paris, au salon de 1819 : certains s'en font les ardents défenseurs, tandis que d'autres le fustigent immédiatement. En 1987, l'artiste plasticien, Jean-Claude Meynard, réalise une série picturale de 15 grandes toiles intitulée : Le Radeau des Muses. Ce naufrage, à l'origine de la mort de 160 personnes, dont 147 abandonnées sur un radeau de fortune, est évoqué par un tableau de Théodore Géricault : Le Radeau de La Méduse. Dans L'Assommoir (1877), Émile Zola en fait mention, lorsque la noce se rend au musée du Louvre[N 6]. En juin 1816, un navire français, La Méduse, quitte le port de … Composée de la frégate* La Méduse, de la corvette L'Écho, du brick L'Argus et de la gabarre La Loire, elle appareille le 17 juin pour rejoindre Saint-Louis et le cap Vert avant la mousson. Deux des survivants servent de modèles pour les personnages figurés par des ombres au pied du mât[26] ; trois visages sont peints d'après ceux d'Alexandre Corréard, Savigny et Lavillette. La musculature parfaite du personnage central, qui tente d'attirer l'attention du bateau de sauvetage, est une réminiscence du néoclassicisme, bien que le naturalisme des lumières et des ombres, l'authenticité du désespoir manifesté par les survivants et l'émotion suscitée par la composition de l’œuvre distinguent le tableau de l'austérité néoclassique. Les critiques formulent tous des réponses à cette approche assez agressive, et leurs réactions vont de la révulsion à l'admiration, selon qu'ils appartiennent aux soutiens des Bourbons ou des libéraux. Film. Deux groupes se sont d'ailleurs formés : celui des officiers et fonctionnaires, qui ont gardé leurs armes et occupent la partie la moins immergée du radeau au centre, laissant les extrémités aux soldats et assimilés, désarmés par mesure de précaution avant de quitter La Méduse. De plus, l'auteur note que le sauvetage se déroule un matin ensoleillé, avec une mer calme : Géricault choisit cependant de peindre le radeau en pleine tempête, avec un ciel noir et une mer démontée, sans doute pour renforcer le caractère dramatique de la scène[23]. On octobre 19, 2018. dans L'officine. La Méduse est une frégate française devenue célèbre par son naufrage survenu le 2 juillet 1816 au large des côtes de l'actuelle Mauritanie. Le Radeau de La Méduse emprunte beaucoup d'éléments aux peintres contemporains de Géricault comme Jacques-Louis David (1748-1825) et Antoine-Jean Gros (1771-1835) qui peignent des événements d'actualité de manière monumentale. Dans son album de 1964 intitulé Les Copains d'abord, Georges Brassens fait référence au radeau dans la chanson éponyme : « Non ce n'était pas le Radeau / De La Méduse ce bateau / Qu'on se le dise au fond des ports / Dise au fond des ports ». Un critique remarque cependant que le tableau comporte plus de personnages qu'il ne devait y en avoir à bord du radeau au moment du sauvetage[23]. Selon le critique d'art Jonathan Miles, la mésaventure vécue par ces hommes sur le radeau de la Méduse les a conduits « aux frontières de l'existence humaine. modifier - modifier le code - modifier Wikidata. Son élève le plus dévoué, Girodet, un classique raffiné et cultivé, produit des œuvres sans aucune chaleur. (« Authentique exploit ! En quelques heures, le navire prend l'eau de toutes parts. Le commandant de Chaumareys décide d'abandonner à leur sort les passagers du radeau, avec leurs maigres vivres. L'une d'entre elles suit le mât et son gréement, et conduit l’œil du spectateur vers une vague en passe de submerger le radeau, tandis que la seconde, qui suit les corps jonchant l'embarcation, mène vers la silhouette lointaine de l'Argus[20]. L’Histoire par l’image décrypte l’Histoire Actuellement en ligne 2420 œuvres, 1308 études et 119 animations L'Histoire par l'image explore les événements de l’Histoire de France et les évolutions majeures de la période 1643-1945. Il peignait directement sur la toile blanche, sans esquisse grossière ou une quelconque préparation, hormis les contours nettement tracés, et pourtant son œuvre était parfaitement structurée. Quoi qu'il en soit, dès la deuxième nuit, une « rébellion » éclate, et est noyée dans le sang. Francis Danby, un peintre britannique né en Irlande, est probablement inspiré par le tableau de Géricault lorsqu'il peint Crépuscule sur la mer après la tempête (1824). », « c'est la société tout entière qui se trouve sur le Radeau de La Méduse », « un peu d'auto-congratulation nationale », « L'humanité est le seul héros de cette poignante histoire », « Alors que Géricault portait un intérêt particulier aux détails, au point de rechercher des rescapés afin de les prendre pour modèles, Delacroix trouvait sa composition plus vivante si on la comprenait comme un tout. Géricault fait en sorte que le tableau puisse être exposé à Londres, en 1820, à l'Egyptian Hall de Piccadilly (parfois nommé London Museum), où le naturaliste William Bullock a ses collections[65]. Avec des morts ! Le commandant Hugues Duroy de Chaumareys, un vicomte limousin revenu d'exil, est nommé capitaine de la Méduse en dépit du fait qu'il n'a plus navigué depuis plus de vingt ans[6],[7]. Un bateau visible au loin rappelle l'Argus, un brick qui accompagnait La Méduse et que Géricault avait représenté à l'arrière-plan[89]. Au XVIIe siècle, les naufrages deviennent un lieu commun de la marine, alors même que ceux-ci sont de plus en plus fréquents, devant l'augmentation du trafic maritime. Commençait alors un naufrage stupide, auquel succède la tragique et macabre odyssée du radeau immortalisé par le peintre Géricault. La ligne d'horizon séparant la mer du ciel est placée en hauteur et découpe au loin une mer calme alors que Géricault la rend très agitée autour du radeau, accentuant le côté dramatique de la scène. Tout commence en 1815. Le 17 juin 1816, la frégate La Méduse appareille de l'île d'Aix, avec pour objectif de rétablir la domination coloniale française en Afrique de l'Ouest à partir du port sénégalais de Saint-Louis. Le personnage du vieil homme au premier plan pourrait être une référence au comte Ugolin de la Divine Comédie de Dante Alighieri – une œuvre dont Géricault voit plusieurs représentations picturales –, et semble avoir été inspiré par un Ugolin issu d'un tableau d'Henry Fuseli (1741-1825), que l'artiste aurait pu voir imprimé. L'énorme masse remue à peine et prend de plus en plus l'eau. Le Radeau de La Méduse dépeint le moment où, après treize jours passés à dériver sur le radeau, les quinze survivants voient un bateau approcher au loin, alors même que l'état de l’embarcation de fortune est proche de la ruine[21]. Géricault opte finalement pour l'instant, raconté par l'un des survivants, où les naufragés voient L'Argus approcher à l'horizon et tentent une première fois en vain de lui adresser un appel au secours. Le thème de la catastrophe maritime est souvent utilisé par J. M. W. Turner (1775-1851), lequel, comme beaucoup de peintres anglais, a probablement vu le tableau de Géricault lors de son exposition à Londres en 1820. Le chef-d’œuvre de Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1830), serait également directement inspiré du Radeau de La Méduse ainsi que d'un autre tableau de Delacroix, Scènes des massacres de Scio. Le but de la peinture est de parler à l'âme et aux yeux, et non de repousser le public. L’œuvre est présentée au public du 10 juin à la fin de l'année, et est contemplée par 40 000 spectateurs[65]. Goya réalise également une scène de catastrophe maritime, sobrement intitulée Naufrage, mais en dépit d'une atmosphère ressemblante, la composition et le style n'ont rien en commun avec Le Radeau de La Méduse. On y envoie un nouveau gouverneur, sa famille, des fonctionnaires, des soldats, du matériel et des finances. Il ne sort que très rarement, et uniquement le soir, à tel point que sa concierge lui apporte ses repas[23]. Le photographe Sergey Ponomarev (en) du New York Times remporte le prix 2016 Pulitzer de la photographie d'actualité pour sa photo d'une embarcation de migrants aux abords des côtes de l'île de Lesbos qui rappelle la toile de Théodore Géricault[94]. Mais connaissez-vous l’histoire tragique qui a inspiré le peintre ? Il conserve chaque couleur séparément, à l'écart des autres : sa palette comporte du vermillon, du blanc, du jaune de Naples, quatre ocres différents (deux jaunes et deux rouges), deux terres de Sienne (une pure et une brûlée), un rose foncé, du carmin, du bleu de Prusse, du gris-noir obtenu avec des noyaux de pêche brûlés, du noir d'ivoire et du bitume de Judée pour apprêter la toile[23]. Selon les propos de l'historien de l'art Georges-Antoine Borias, « Géricault avait placé son atelier[N 1] près de l'hôpital Beaujon. Long de vingt mètres et large de sept, il menace d'être submergé lorsqu'il est pleinement chargé. Peint en 1819, le chef-d'oeuvre romantique de Théodore Géricault a atteint une telle renommée qu'il a depuis occulté le fait divers qui l'a inspiré. L'influence du Radeau de La Méduse se fait sentir chez des artistes en dehors de France, notamment en Angleterre, où le public a pu voir l’œuvre exposée en 1820 à Londres, ainsi qu'aux États-Unis, où une copie à taille réelle est exposée dans de nombreuses villes de la côte Est[83],[84]. Jamar, quant à lui, pose nu pour le jeune homme mort au premier plan, sur le point de tomber à l'eau, et sert également de modèle à deux autres personnages[23]. Il y aborde la question de la survie du sujet en peinture[92]. En 1829, il écrit par ailleurs que Le Radeau de La Méduse est « la fresque historique la plus brillante et la plus grandiose qu'il lui ait été donné de voir »[85]. Le tableau de Géricault inspire également des sculpteurs, dont Antoine Étex, qui réalise en 1839-40 un bas-relief en bronze à l'effigie du Radeau de La Méduse[81]. Extrait du film d'Adrien Touboul avec Georges-Antoine Borias, 10 min 11 s. Jeanne Desto, Émilie Daniel et Christian Henry. Une fois les canots alignés le long du bord, l'évacuation peut commencer. La lumière dans l’œuvre, qui présente de violents contrastes entre la clarté et l'obscurité, est qualifiée de « caravageresque »[44], période ténébriste. Il remarque également qu'« il y a toujours quelque chose d'académique dans ces personnages, qui ne semblent pas avoir été suffisamment affaiblis par la faim et la soif, les maladies et la lutte pour la survie[45] ». Le Radeau de la Méduse de Géricault L’histoire du radeau de la Méduse A l’origine la Méduse est une frégate de la marine royale qui part de l’île d’Aix en 1816 pour coloniser le Sénégal. Les opérations de remise à flot s'avèrent vaines : des avaries surviennent le 5 juillet et la mer devient mauvaise, rendant l'évacuation nécessaire. Géricault a l'habitude de faire poser ses amis, et notamment Eugène Delacroix (1798-1863), qui servit de modèle au personnage situé au premier plan, le jeune homme du centre gisant sur le ventre[29],[30]. Des nuées d'oiseaux tournoient dans le ciel et plongent dans l'eau. Il semblait s'exécuter lentement, alors qu'en réalité il peignait très rapidement, disposant chaque touche de peinture à sa place et n'ayant que rarement besoin d'effectuer des rectifications. » Au total, le naufrage cause la mort de plus de 150 personnes. L'artiste semble prendre position contre la traite négrière, qui se pratique toujours malgré son interdiction supposée[39]. de Jacques Bony), Introduction à l'édition anglaise du Journal d'Eugène Delacroix, parue sous le titre. Géricault dessine également une tête coupée empruntée à un asile et qu'il conserve dans le grenier de son atelier[23]. Elle connaît un succès critique bien plus important qu'à Paris[1], et est considérée comme la figure de proue d'une nouvelle tendance de la peinture française. Bien que les hommes représentés dans l’œuvre aient passé treize jours à dériver sur un radeau, souffrant de la faim, de maladies et de cannibalisme, Géricault les peint musclés et en bonne santé, dans la tradition de la peinture héroïque. Son modèle sera Joseph[36], un Haïtien qui a posé pour lui et d'autres artistes[37]. "Le Radeau de la Méduse" : la vérité crue sur son histoire Un historien a enquêté sur le drame vécu par les naufragés du "Radeau de la Méduse" immortalisé par le peintre Géricault en 1819. La véritable histoire du “Radeau de La Méduse” devient alors un hommage très incarné à l’instinct de survie des naufragés allés jusqu’au bout de leur humanité – voire au-delà –, à la rage de créer chez Géricault et à la volonté indéfectible de comprendre de la part des chercheurs contemporains. À son bord se trouvent environ 400 passagers, dont le colonel Julien Schmaltz, nouveau gouverneur du Sénégal, ainsi que des scientifiques, des soldats napoléoniens, des troupes coloniales - dont des asiatiques - et des colons[4],[5]. Un critique contemporain émet l'idée selon laquelle le nombre d’œuvres présentées et la taille de l'événement témoignent d'une grande ambition. Rien ne le repoussait »[22]. Certains y ont vu une critique de l'Empire Colonial Français conservateur et esclavagiste. Il est incontestablement la pièce maîtresse du salon, si bien que le Journal de Paris écrit qu'« il frappe et attire tous les regards ». Le plus frappé de tous est sans doute Chaumareys. Claude Joseph Vernet (1714-1789) réalise un grand nombre de ce type d’œuvres[46], parvenant à rendre les couleurs de manière très fidèle à la réalité – au contraire de la plupart des artistes d'alors ; il aurait d'ailleurs dressé lui-même un mât sur un bateau, afin de vivre une tempête[47]. L'équipage construit un radeau avec des espars (assemblés par des cordages et sur lesquels sont clouées des planches qui forment un caillebotis glissant et instable) pour délester la frégate de ses lourdes marchandises, à l'exception des 44 canons, et la déséchouer[8]. Quant aux dix-sept naufragés demeurés sur l'épave de La Méduse, ils ne sont plus que trois quand on les secourt enfin, le 26 août, cinquante-deux jours après le naufrage. Des traînées d'algues flottent à la surface. En 1990, le groupe de folk rock irlandais The Pogues relate cet événement et la toile de Géricault dans la chanson The Wake of the Medusa sur l'album Hell's Ditch. La structure de la composition – notamment la composition pyramidale – et la manière de représenter les personnages utilisés par Géricault se rattachent au courant classique[1], mais le caractère réaliste du sujet incarne une évolution majeure et marque la rupture entre le courant néoclassique et le courant romantique naissant.